Un retour à la source, 7 ans après l'original; le texte au goût du mythe fondateur. Il faudrait retourner à la genèse des premières étoiles, cependant je m'en tiendrai à mon moment "0", l'origine de qui je suis actuellement; ma naissance spirituelle. Les gros mots! Si nobles et purs au premier abord et pourtant je parle d'un évènement tellement sale; une vraie naissance.
YANG - Acte
Avez-vous déjà vécu un amour avec un total abandon? Vous vous doutez bien de ma propre réponse; je m'étais abandonné à cet amour comme un fanatique à ses rituels orgiaques. Je croyais à un amour guérisseur, grandiose, capable de faire exploser mes facultés à des niveaux incroyables. On ne peut pas parler exactement de naïveté; je le vivais déjà ainsi. D'étrange être timide et suicidaire empêtré dans son monde intérieur, je devenais de jour en jour un peu plus capable de vivre au soleil, de parler, de créer, de sourire; on m'avait reconnu et touché malgré mes innombrables couches de protection. Je me sentais vivant.
YIN - Potentiel
La quête de sens fut ma matrice original. En l'absence de réponse, j'avais vu venir la dépression; dans ma tour d'ivoire, je me vautrais dans la contemplation de l'absurde de cette vie: matérialisme sans lendemain, paroles hypocrites, inconscience... puis vint l'amour. Et parallèlement, des découvertes. D'abord Socrate. Ensuite les maîtres Zen, le Tao, la Kabbale, Castaneda et son sorcier Yaqui, le Yi Jing. Je me gavais et m'engraissait de paroles d'une sagesse éblouissante et de quelques réalisations. Prêt pour la métamorphose.
La fin du monde
L'être aimé m'a laissé. Les jours suivants furent les plus beaux et les plus horribles moments de ma vie; j'ai vécu cette naissance à la fois comme le parent et l'enfant. Ma fondation, la source de toute ma nouvelle vigueur, du développement de ma véritable personne, venait de se déconnecter de moi. Violemment. J'étais seul à nouveau; un trou vertigineux m'habitait; une tristesse à faire vomir me déshydratait. Et entre les spasmes, je découvrais le monde pour la première fois, comme si, soudainement, j'avais reçu la faculté de percevoir la couleur. La musique me faisait pleurer de joie, tout comme les arbres dénudés à l'allure de poumons inversés, un inconnu qui me tient la porte ou encore la splendeur du soleil. Non, pas le foutu lever ou coucher de soleil; essayez simplement de rêver, la nuit, à sa lumière éblouissante pour voir. J'essaierai toujours d'expliquer, pourtant il faut avoir vécu le fait de voir le monde faire du sens - excusez mon anglais - pour comprendre. Tout ce que j'avais lu prenait vie; le monde était un. La solitude prend une toute autre allure quand le fait d'être seul inclut tout l'univers. J'avais découvert l'unique véritable fondation qu'est le mouvement éternel; le bonheur dans le simple fait d'être. Je pleurais ma perte et pourtant j'étais heureux; j'avais réalisé que le monde est parfait.
Est-ce que ça se termine ici? C'est bien d'entrevoir la parfaite unité de l'univers, seulement, il reste à ancrer cette vision en chaque moment, et c'est l'oeuvre de toute une vie. Il faut simplement commencer par naître.