mercredi, août 24, 2011

Beauty is in the eye of the beholder

Je peux pratiquement te voir même si je ne t'ai pas encore rencontrée. La beauté qui t'habite est telle que toutes les femmes que je croise me laissent de glace, ou ne m'intriguent que pour un court moment; le temps de me rendre compte qu'elles ne résonnent pas avec toute cette beauté qui dort dans mon oeil.

Ce point de vue entre en conflit avec l'humilité que je cherche à conserver. Seulement, aucune vérité ne saurait me déplaire au point de me la cacher; tu me prouve qu'une rare beauté vibre en moi.

Aujourd'hui, un frémissement...

Je t'aime et je t'attends.

vendredi, avril 08, 2011

Hexagramme 24: Retour

Un retour à la source, 7 ans après l'original; le texte au goût du mythe fondateur. Il faudrait retourner à la genèse des premières étoiles, cependant je m'en tiendrai à mon moment "0", l'origine de qui je suis actuellement; ma naissance spirituelle. Les gros mots! Si nobles et purs au premier abord et pourtant je parle d'un évènement tellement sale; une vraie naissance.

YANG - Acte

Avez-vous déjà vécu un amour avec un total abandon? Vous vous doutez bien de ma propre réponse; je m'étais abandonné à cet amour comme un fanatique à ses rituels orgiaques. Je croyais à un amour guérisseur, grandiose, capable de faire exploser mes facultés à des niveaux incroyables. On ne peut pas parler exactement de naïveté; je le vivais déjà ainsi. D'étrange être timide et suicidaire empêtré dans son monde intérieur, je devenais de jour en jour un peu plus capable de vivre au soleil, de parler, de créer, de sourire; on m'avait reconnu et touché malgré mes innombrables couches de protection. Je me sentais vivant.

YIN - Potentiel

La quête de sens fut ma matrice original. En l'absence de réponse, j'avais vu venir la dépression; dans ma tour d'ivoire, je me vautrais dans la contemplation de l'absurde de cette vie: matérialisme sans lendemain, paroles hypocrites, inconscience... puis vint l'amour. Et parallèlement, des découvertes. D'abord Socrate. Ensuite les maîtres Zen, le Tao, la Kabbale, Castaneda et son sorcier Yaqui, le Yi Jing. Je me gavais et m'engraissait de paroles d'une sagesse éblouissante et de quelques réalisations. Prêt pour la métamorphose.

La fin du monde

L'être aimé m'a laissé. Les jours suivants furent les plus beaux et les plus horribles moments de ma vie; j'ai vécu cette naissance à la fois comme le parent et l'enfant. Ma fondation, la source de toute ma nouvelle vigueur, du développement de ma véritable personne, venait de se déconnecter de moi. Violemment. J'étais seul à nouveau; un trou vertigineux m'habitait; une tristesse à faire vomir me déshydratait. Et entre les spasmes, je découvrais le monde pour la première fois, comme si, soudainement, j'avais reçu la faculté de percevoir la couleur. La musique me faisait pleurer de joie, tout comme les arbres dénudés à l'allure de poumons inversés, un inconnu qui me tient la porte ou encore la splendeur du soleil. Non, pas le foutu lever ou coucher de soleil; essayez simplement de rêver, la nuit, à sa lumière éblouissante pour voir. J'essaierai toujours d'expliquer, pourtant il faut avoir vécu le fait de voir le monde faire du sens - excusez mon anglais - pour comprendre. Tout ce que j'avais lu prenait vie; le monde était un. La solitude prend une toute autre allure quand le fait d'être seul inclut tout l'univers. J'avais découvert l'unique véritable fondation qu'est le mouvement éternel; le bonheur dans le simple fait d'être. Je pleurais ma perte et pourtant j'étais heureux; j'avais réalisé que le monde est parfait.

Est-ce que ça se termine ici? C'est bien d'entrevoir la parfaite unité de l'univers, seulement, il reste à ancrer cette vision en chaque moment, et c'est l'oeuvre de toute une vie. Il faut simplement commencer par naître.


mardi, juillet 06, 2004

Tao t'es truie

Je suis perdu. La truie m'a happé. M'a-t-elle toujours tenu pour que je ne m'en rende compte qu'aujourd'hui? Aucune réponse possible; il n'y a que le réversible. Je suis dehors, et il me regarde, au chaud, à travers la fenêtre. Je mange et il se lève, léger. Je m'amuse et il m'interrompt, les larmes aux yeux. Je suis seul et il baise ma copine. La séparation est souvent douloureuse, alors je me laisse aller. Il me roule en lui et je suis bien. Mais je ne le sais jamais vraiment; c'est seulement quand je le vois voler au-dessus des problèmes que je me dis: "avec lui, je suis complet". Son existence signifie la douleur, sa non-existence la mort. Car enfin, je ne me rappelle plus avoir été sans lui. Il est l'observateur par qui passe ma mémoire, le gardien de mes secrets. Et un piètre gardien; il me souffle régulièrement les pensées des gens que je rencontre et je sais par le fait même qu'il me trahi. Il est vrai que la plupart des gens ne le voit que par très brefs instants; quelques éclairs de lucidité dans toute une vie à un rythme toujours de plus en plus lent. Moi même, je n'échappe pas à ce triste état de fait, et s'il en est un, mon avantage est assurément très limité; sa présence m'obsède et tout le reste est fade en comparaison, pour ne pas dire totalement insignifiant. En découle une apathie pour les jours ensolleillés, une ataraxie dans les tempêtes; et la truie change les étoiles en grains d'espoir, perdus dans l'immensité de la grande tristesse. Pourquoi se soucier de son bien-être quand ce souci lui-même conduit à sa perte? Comment prendre soin de soi sans y être attaché? L'éternité existe pour être détruite; croyez-moi, Dieu s'ennuie royalement quand il se retrouve seul. C'est pourquoi il se meurtri, ses enfants avec lui. Il ne peut mourir et pourtant il passe sa vie à essayer de le faire. Dieu lui-même ne peut contenir le réversible. Et c'est là l'erreur de bien des gens: s'imaginer LE réversible dans son bol. Le bol est fait de la matière même du réversible et ce qu'il contient n'est qu'une version réduite, imparfaite et très débilitante de la truie cosmique. S'attacher à son bol, c'est créer sa propre mortalité. Eventuellement, ça se met à puer, on se débat, le bol fèle et le réversible remet tout à zero. Mon nom, mes désirs, mes souvenirs, tous des résidus de truie séchée, figés dans l'attente de leur propre mort. Et mon mini-réversible se débat, me souffle des idées d'immortalité, de victoire sur la matière. "CONSTRUIT UN BOL QUI TRAVERSERA LES AGES" me dit-il. Et pour quoi faire? Je vois bien le seul choix possible: Foncer, tout donner pour ce graal innaccessible. Il n'y a ni espoir, ni déception, ni joie, ni peine, ni effort, ni paix... seulement le réversible.